20 000 lieues sous terre : les catacombes de Paris
Sous les rues animées de Paris s’étend un monde silencieux et fascinant. Ce vaste réseau souterrain abrite les restes de millions de Parisiens, transférés ici au fil des siècles. Bien plus qu’un simple ossuaire, ce lieu forme un immense labyrinthe chargé d’histoires.
Des cimetières aux carrières
En 1786, face à des cimetières surpeuplés et des conditions sanitaires désastreuses, les autorités parisiennes décident de transférer les ossements des cimetières de la ville vers les anciennes carrières de calcaire situées sous Paris. Le cimetière des Innocents, le plus grand et le plus problématique de Paris, est le premier à être vidé. Les ossements sont déplacés de nuit dans de longues processions funèbres.
Ces carrières souterraines, utilisées depuis le Moyen Âge pour extraire la pierre nécessaire à la construction de Paris, deviennent alors un immense ossuaire. En 1810, l’ingénieur Héricart de Thury réorganise les lieux et leur donne un aspect plus ordonné. Il dispose les ossements avec soin, formant des murs réguliers parfois ornés de motifs et de citations gravées.
Au delà de l’ossuaire
Le lieu ne se résume pas à un simple dépôt d’ossements. Il s’étend en un vaste réseau de plus de 300 kilomètres de galeries, dont seule une petite partie est ouverte au public. Les cataphiles, ces explorateurs des souterrains parisiens, s’aventurent parfois dans les zones interdites, à la recherche de salles cachées, d’inscriptions anciennes ou d’objets oubliés.
Parmi les découvertes les plus surprenantes, figure une salle de cinéma clandestine mise au jour par la police en 2004. Équipée de sièges, d’un projecteur et même d’un petit bar, elle illustre l’ingéniosité sans limites des cataphiles. Ces explorateurs du monde souterrain laissent aussi leur empreinte artistique. Peintures, sculptures ou installations transforment parfois les galeries en un véritable musée caché sous Paris.
Les tunnels abritent plusieurs sites. La crypte de la Passion présente des sculptures inspirées de scènes bibliques. La lampe sépulcrale servait, elle, à mesurer la qualité de l’air : si la flamme vacillait, les ouvriers devaient quitter les lieux. Plus loin, le baril de la fontaine de la Samaritaine offrait un point d’eau potable aux travailleurs des carrières. Tous ces éléments rappellent la vie souterraine et les efforts entrepris pour rendre ces galeries plus sûres.
Une ambiance unique
Visiter les catacombes est une expérience à part. Dès l’entrée, près de la place Denfert-Rochereau, on descend un étroit escalier en colimaçon et l’air devient plus frais, plus humide. Les galeries sont sombres, le silence presque total, seulement troublé par le bruit des gouttes d’eau. Les murs portent encore des graffitis d’époques, certains remontant à la Révolution française.
Les ossuaires se distinguent par leur organisation soignée. Crânes et os longs sont disposés en motifs géométriques : cœurs, croix ou colonnes. Des inscriptions gravées rappellent la fragilité de la vie et la proximité de la mort. L’atmosphère, à la fois calme et mystérieuse, saisit dès les premiers pas.
Aujourd’hui, seule une petite partie du réseau est ouverte au public. Cette section, gérée par le musée Carnavalet, accueille chaque année des milliers de visiteurs curieux de ce monde souterrain. Le reste demeure interdit d’accès, ce qui n’empêche pas certains passionnés de s’y aventurer clandestinement.
Dans la culture populaire
- « Les Misérables » de Victor Hugo : les catacombes servent de refuge à Jean Valjean et Cosette.
- « Le Fantôme de l’Opéra » de Gaston Leroux : le repaire du fantôme se trouve dans les profondeurs des catacombes.
- « Orphée » de Jean Cocteau : les catacombes représentent le monde souterrain.
- « As Above, So Below » : Un groupe d’explorateurs s’aventure dans les catacombes à la recherche d’un ancien secret alchimique.
