Comprendre l’inégalité des chances

L’égalité des chances ressemble parfois à une partie de Monopoly. Certains joueurs démarrent avec trois hôtels et d’autres sans même un bout de rue. Origine sociale, lieu de naissance… Ces atouts déterminent bien souvent quelle sera votre destinée.
Origine sociale, le ticket gagnant
En France, votre famille est votre premier capital. Un jeune issu d’un milieu favorisé gagne en moyenne 1 100 € de plus par mois qu’un autre d’origine modeste. C’est le prix d’un petit loyer parisien. Les enfants de cadres possèdent le réseau familial, les codes sociaux et les diplômes prestigieux. Ceux d’ouvriers doivent souvent composer avec le manque d’opportunités et les portes closes.
L’école, censée être un ascenseur social, fonctionne, mais seulement pour ceux qui savent appuyer sur le bon bouton. Les diplômes restent le sésame : 75 % des enfants de cadres obtiennent un diplôme du supérieur contre 26 % dans les milieux modestes. Pourtant, le déterminisme n’est pas une fatalité. 11 % des femmes issues de milieux modestes dépassent le revenu médian des hommes favorisés. Preuve que les exceptions existent, même si elles ressemblent plus à des miracles qu’à une tendance.


Le saviez-vous ?
1 % des enfants d’ouvriers atteignent les plus hauts postes de direction, contre 20 % des enfants de cadres.
Le lieu de naissance compte aussi
Grandir en Île-de-France ou en Creuse, ce n’est pas la même vie. Les Parisiens gagnent, en moyenne, 440 € de plus par mois. Les quartiers prioritaires allègent aussi votre salaire : – 250 € par mois en moyenne. Un handicap lié à vos voisins de paliers et au manque de réseaux.
Les origines de vos ancêtres en rajoute aussi une couche. Les descendants d’immigrés subissent un écart de revenu de 170 €, même à diplôme égal. Et si vous cumulez origine modeste, que vous êtes née femme et que vos parents sont immigrés ? Bienvenue dans le club de la triple peine , où le revenu moyen plafonne à 1 000 € par mois.
La ruralité n’est pas épargnée non plus. Les campagnes souffrent d’un manque d’emplois qualifiés et de services publics, poussant les jeunes vers les villes… où ils devront affronter des loyers et un coût de la vie hors de leur portée. Un cercle vicieux digne d’un roman de Zola, mais cette fois-ci, ça se passe en 2025.


Le saviez-vous ?
Les élèves vivant dans les 10 % de communes les plus pauvres ont deux fois plus de risques de quitter l’école sans diplôme que ceux des communes les plus riches.
L’inégalité en talons aiguilles
Enfin, être une femme, c’est accepter un salaire moyen inférieur de 25 % à celui des hommes. Une différence qui pourrait s’appeler « taxe rose ». À poste égal, les Françaises gagnent moins, travaillent plus souvent à temps partiel et occupent moins de postes à responsabilités. Même dans les familles favorisées, l’écart de salaire entre hommes et femmes atteint 900 euros par mois en moyenne.
Mais qui est le vrai coupable ? Les enfants. Leur arrivée creuse 60 % des écarts de revenus. Les mères voient leur carrière ralentir, parfois stoppée, tandis que les pères… progressent. Ironie cruelle : plus une femme est diplômée, plus la pénalité maternelle est forte. Reste une lueur d’espoir : depuis 2010, l’écart salarial s’est réduit de 28 %. Les femmes investissent des secteurs plus masculins, tandis que les hommes, quant à eux, changent un peu plus les couches.


Le saviez-vous ?
Même dans les secteurs très féminisés (éducation, santé, administration), les postes à hautes responsabilités restent majoritairement occupés par des hommes.
