De Louis XVI à Macron : la valse des pouvoirs

La France est célèbre pour sa Révolution de 1789. Depuis cette date, le pays a connu une douzaine de régimes différents : monarchies, empires, républiques éphémères et même un gouvernement provisoire sous occupation nazie. Loin d’être un long fleuve tranquille, l’histoire politique française ressemble plus à une valse agitée.

1. La Révolution française (1789–1799)

En 1789, la monarchie absolue est renversée, ouvrant la voie à une série d’expérimentations politiques. Cette décennie est caractérisée par une instabilité chronique, des luttes de pouvoir internes et des tentatives successives pour établir un régime stable et représentatif.

• Monarchie constitutionnelle (1789–1792) : le roi Louis XVI accepte de partager le pouvoir avec une Assemblée élue. Mais sa tentative de fuite à Varennes ruine sa crédibilité.
• Première République (1792–1799) : après la chute du roi, la République est proclamée. Trois régimes se succèdent :
  • La Convention (1792–1795) : Robespierre et la Terreur. La guillotine tourne à plein régime.
  • Le Directoire (1795–1799) : instable, corrompu, détesté par tous.
  • Le Consulat (1799–1804) : Napoléon prend le pouvoir. Fini le bazar.

Pourquoi ça change ? Trop d’utopies, trop de violences, trop d’instabilité. Le peuple est épuisé. Napoléon arrive comme le sauveur providentiel.

Le saviez-vous ? La Constitution de 1793, dite de l’an I, instaurait le suffrage universel masculin et des droits sociaux avancés. Pourtant, elle n’a jamais été appliquée en raison des troubles de la Terreur.

2. L’ère napoléonienne (1799–1815)

Napoléon Bonaparte émerge comme une figure dominante, mettant fin à l’instabilité révolutionnaire. Son ascension transforme la France en une puissance impériale, marquée par des réformes durables, mais aussi par des guerres incessantes à travers l’Europe.

• Premier Consul (1799–1804) : Napoléon concentre les pouvoirs.
• Premier Empire (1804–1815) : il devient empereur, réforme l’État, conquiert l’Europe… et la perd.

Pourquoi ça change ? Les guerres constantes usent la France. L’Europe coalisée finit par renverser l’Empereur à Waterloo.

Le saviez-vous ? Napoléon a créé la Banque de France en 1800 pour stabiliser l’économie française, une institution qui existe toujours aujourd’hui.

3. La Restauration monarchique (1815–1848)

Après la chute de Napoléon, la monarchie est restaurée avec l’espoir de stabiliser le pays. Mais, les tensions entre le peuple et les tendances conservatrices des monarques conduisent à une nouvelle période de troubles et de changements politiques.

• Louis XVIII (1815–1824) : une monarchie parlementaire sage.
• Charles X (1824–1830) : trop réactionnaire. La seconde révolution de Juillet (1830) l’éjecte.
• Louis-Philippe (1830–1848) : le « roi des Français », moins aristocratique, mais au service de la bourgeoisie.

Pourquoi ça change ? Les rois ne comprennent pas que la société a changé. Les Français veulent du suffrage, pas des privilèges.

Le saviez-vous ? Louis-Philippe était surnommé le « roi bourgeois » car il portait des habits simples et favorisait les intérêts de la bourgeoisie. Bien loin du faste traditionnel de la monarchie.

4. La Deuxième République (1848–1852)

La révolution de 1848 donne naissance à la Deuxième République, introduisant des réformes comme le suffrage universel pour les hommes et l’abolition de l’esclavage. Toutefois, cette période est de courte durée, marquée par des divisions internes et l’ambition personnelle de Louis-Napoléon Bonaparte.

• Suffrage universel masculin.
• Abolition de l’esclavage.
• Expériences sociales (ateliers nationaux pour fournir du travail aux sans emplois).

Mais le président, Bonaparte, ne rêve que d’une chose : l’Empire.

Pourquoi ça change ? Le président élu fait un coup d’État et impose son propre régime. L’ambition familiale coule dans ses veines.

Le saviez-vous ? L’écrivain Victor Hugo fut député sous la Deuxième République et s’opposa vigoureusement au coup d’État.

5. Le Second Empire (1852–1870)

Napoléon III instaure le Second Empire, une période de modernisation économique et d’expansion coloniale. Toutefois, son autoritarisme et les défaites militaires, notamment contre la Prusse, affaiblissent son régime et conduisent à sa chute.

• Napoléon III devient empereur.
• Modernisation du pays : chemins de fer, villes, économie.
• Une autorité forte, puis un peu plus complaisant sur la fin.

Pourquoi ça change ? Il entre en guerre contre la Prusse. C’est une défaite humiliante. Il est capturé à Sedan.

Le saviez-vous ? Le baron Haussmann, sous Napoléon III, a transformé Paris en une ville moderne avec de larges boulevards et des infrastructures améliorées.

6. La Troisième République (1870–1940)

La Troisième République s’établit après la chute de Napoléon III. Elle est marquée par des avancées démocratiques et sociales, mais aussi par des crises politiques, notamment les deux guerres mondiales. C’est l’âge d’or colonial.

• Gouvernement provisoire (1870–1871) : Paris se soulève (la Commune).
• République officiellement établie en 1875.

Actions emblématiques :

• École gratuite et laïque (Jules Ferry).
• Libertés syndicales.
• Loi de 1905 : séparation Église/État.

Actions contestées :

• Crises politiques permanentes.
• Affaire Dreyfus.
• Première et Seconde Guerre mondiale.

Pourquoi ça change ? L’invasion allemande en 1940 fait tomber le régime. La France est coupée en deux.

Le saviez-vous ? La loi de 1905 établissant la laïcité en France est toujours en vigueur et constitue un pilier de la République française.

7. Le régime de Vichy (1940–1944)

Suite à la défaite de 1940, le maréchal Pétain établit un régime autoritaire à Vichy collaborant avec l’Allemagne nazie. Cette période marque la suppression des libertés individuelles et la persécution des opposants.

• Le Maréchal Pétain obtient les pleins pouvoirs.
• Régime autoritaire et collaborateur.
• La République est suspendue, remplacée par une dictature paternaliste.

Pourquoi ça change ? La résistance, le débarquement, et la libération effacent ce régime provisoire.

Le saviez-vous ? Le régime de Vichy a mis en place la devise « Travail, Famille, Patrie », remplaçant « Liberté, Égalité, Fraternité ».

8. La Quatrième République (1946–1958)

Après la guerre, la France établit la Quatrième République, une démocratie parlementaire. Malgré la reconstruction du pays et ses progrès économiques, elle souffre d’une instabilité gouvernementale permanente. En 1958, la crise algérienne devient son tombeau.

Accomplissements majeurs :

• Suffrage élargi.
• Reconstruction rapide.

Les grandes tensions :

• Décolonisation : Indochine, puis Algérie.
• Désaccords constants entre les partis politiques.
• Instabilité chronique (24 gouvernements en 12 ans).

Pourquoi ça change ? La crise algérienne menace la République. De Gaulle revient avec une nouvelle mission : une République plus stable.

Le saviez-vous ? Malgré son instabilité, la Quatrième République est à l’origine de la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier en 1951, préfigurant l’Union européenne.

9. La Cinquième République (1958–aujourd’hui)

La Cinquième République, instaurée par Charles de Gaulle, introduit un régime semi-présidentiel renforçant le pouvoir exécutif. Elle offre une stabilité politique inédite, permettant à la France de traverser diverses crises tout en maintenant ses institutions démocratiques.

Succès :

• De Gaulle instaure un nouveau système avec un président fort.
• Depuis 1962 : président élu au suffrage universel direct.
• Régime semi-présidentiel, entre parlementarisme et présidentialisme.

Crises :

• Mai 68.
• Cohabitations gauche/droite.
• Révoltes sociales (gilets jaunes, retraites…).

Pourquoi ça dure ? Parce que ce régime absorbe les chocs. Il combine stabilité institutionnelle et adaptation politique.

Le saviez-vous ? La réforme de 2000 a réduit le mandat présidentiel de sept à cinq ans, alignant la durée du mandat présidentiel sur celle de l’Assemblée nationale pour renforcer la cohérence politique.

En résumé

✅12 régimes en 234 ans.
✅5 Républiques, 3 Monarchies, 2 Empires, 1 Transition, 1 Dictature.
✅La France aime les révolutions… mais pas toujours leurs résultats.