Froufrous, paillettes et French Cancan

Illustration French Cancan

Le French Cancan est bien plus qu’une danse, c’est une explosion d’énergie, de couleurs et de liberté qui a enflammé Paris à la fin du XIXe siècle. Avec ses jupons virevoltants et ses hauts coups de jambes, il incarne l’esprit effervescent et frondeur de la Belle Époque.

Des origines tumultueuses

Au cœur du Paris du milieu du XIXe siècle, une ville en plein bouleversement industrielle et culturelle, naît une danse qui fait jaser : le cancan. Vers les années 1830, dans les bals publics animés des quartiers populaires, des danseurs audacieux s’affranchissent du quadrille traditionnel pour improviser des mouvements débridés et exubérants. Cette danse, d’abord dominée par les hommes, est marquée par des sauts acrobatiques et des figures audacieuses.

En 1850, les femmes s’emparent du cancan, brisant les codes sociaux stricts de l’époque victorienne. Des figures emblématiques comme Céleste Mogador osent exécuter des mouvements jugés scandaleux, dévoilant leurs jupons colorés et exhibant leurs jambes dans des kicks hauts et des grands écarts. Le scandale est immédiat : la police intervient, les autorités condamnent, mais rien ne semble arrêter cette vague. Le cancan devient le symbole d’une rébellion contre les mœurs rigides de l’époque mais aussi une célébration de la liberté du corps et de la frivolité.

Affiche vintage French Cancan de cabaret parisien

L’impulsion des cabarets parisiens

Avec l’essor de la Belle Époque, le French Cancan trouve un écrin à sa mesure dans les cabarets flamboyants de Paris. En 1889, l’ouverture du Moulin Rouge au pied de Montmartre marque un tournant décisif. Sous les ailes rouges du célèbre moulin, des danseuses comme La Goulue et Jane Avril électrisent le public avec leurs performances endiablées et leurs personnalités flamboyantes. Leurs noms résonnent dans tout Paris, immortalisés par les affiches colorées de Toulouse-Lautrec.

Les cabarets deviennent les temples de la nuit parisienne. Le Folies Bergère, inauguré en 1869, et le Lido, ouvert en 1928, rivalisent d’opulence pour attirer une clientèle avide de divertissement et de sensations fortes. L’ambiance y est électrique, les spectacles grandioses mêlent danse, musique, alcool et extravagance. Le French Cancan, avec son énergie débordante et son caractère provocateur, est le clou des soirées, médusant autant les Parisiens que les visiteurs étrangers.

Une danse technique

Le French Cancan est une danse qui allie énergie, endurance et insolence. Derrière l’apparente légèreté du spectacle se cache une discipline rigoureuse où chaque mouvement est exécuté avec précision.

Les danseuses s’entraînent de longues heures pour maîtriser des figures complexes, souvent acrobatiques et toujours spectaculaires.

  • Le grand écart : figure emblématique où la danseuse s’élance pour atterrir en grand écart.
  • Le port d’armes : la jambe est levée verticalement et tenue à deux mains.
  • Le coup de pied chassé : un rapide coup de pied vers l’avant avec la jambe tendue.
  • Le moulinet : les danseuses font tourner leurs jambes en l’air en mouvements circulaires.
  • Le coup de cul : mouvement où la danseuse tourne brusquement en soulevant ses jupons pour dévoiler brièvement ses dessous.
  • La cascade : une série de sauts rapides et successifs, donnant l’impression d’une chute contrôlée.

Les chorégraphies, bien que souvent improvisées à l’origine, sont devenues de plus en plus élaborées, mettant en valeur la virtuosité de chaque danseuse tout en conservant l’esprit effervescent du French Cancan.

Les costumes jouent aussi un rôle crucial dans l’éclat de la danse. Jupons multicolores, dentelles et rubans sont agités avec habileté, créant des tourbillons de couleurs qui enchantent le regard. Provoquant, séduisant et exubérant : c’est le French Cancan.

Internationalisation du French Cancan

Le French Cancan ne tarde pas à dépasser les frontières de la France. Au début du XXe siècle, en 1900, l’entrepreneur anglais Charles Morton décide d’importer le spectacle à Londres. Il rebaptise la danse « French Cancan », misant sur l’exotisme et l’audace associée à Paris pour séduire le public britannique. Le succès est immédiat. Les spectateurs anglais et américains sont conquis par cette danse effrénée qui incarne la joie de vivre et l’esprit festif de la capitale française.

Le French Cancan devient un phénomène international, symbole de la Belle Époque et de ses excès charmants. Il influence les arts, inspire les musiciens comme Jacques Offenbach, dont le « Galop Infernal » composé en 1858 devient l’hymne de la danse, et les peintres qui capturent son énergie sur la toile.

Le French Cancan continue de faire vibrer les scènes des cabarets parisiens. Le Moulin Rouge, le Lido ou le Paradis Latin perpétuent cette tradition et offrent aux spectateurs un voyage temporel l’instant d’une représentation.

Baguette Cancan

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