La chasse : le chant du cygne ?

Illustration chasseur et son chien 16_9

La chasse attire chaque année des milliers de passionnés. Pour certains, c’est une tradition toujours vivante, ancrée dans les campagnes françaises. Pour d’autres, c’est une pratique dépassée, difficile à justifier à l’heure de la protection et du bien-être animal.

Une nature sous contrôle

En France, la chasse demeure l’un des derniers loisirs ruraux de masse, solidement implanté dans la vie des campagnes. Des centaines de milliers de détenteurs de permis se retrouvent chaque saison, venus de tous horizons : agriculteurs, ouvriers, cadres ou étudiants. Pour beaucoup, c’est avant tout une parenthèse en plein air, un moment de détente entre amis ou en famille. Elle leur permet de rompre avec le stress quotidien et de renouer avec le territoire.

La pratique se veut utile avant tout. En l’absence de grands prédateurs sur une grande partie du territoire, les chasseurs participent à la régulation des espèces. Les populations de sangliers et de cervidés se multiplient rapidement, provoquant chaque année des dégâts sur les cultures et des collisions routières. Les battues permettent de limiter ces déséquilibres, dans le cadre de quotas fixés par les plans de chasse départementaux.

Les fédérations insistent sur leur rôle environnemental : participation à la gestion de la faune, entretien des chemins ruraux et financement d’actions locales. La chasse favorise la proximité et le lien social, surtout dans les petites communes où elle rassemble plusieurs générations autour d’une même passion. Pour la majorité des pratiquants, c’est une activité de terrain, ancrée dans le réel et loin des clichés.

Baguette Chasseurs à l'apéritif

Quand la passion dérape

Mais la chasse ne va pas sans critiques. Les opposants dénoncent les risques, les nuisances et la souffrance animale. Chaque saison, l’Office français de la biodiversité (OFB) publie un bilan des accidents liés aux armes à feu. Pour la saison 2024-2025, la France recense 100 accidents, dont 11 mortels, tous chasseurs. Seize victimes ne pratiquant pas la chasse, dont trois grièvement blessées. L’OFB signale également 135 « incidents » matériels : 58 tirs vers des habitations, 27 vers des véhicules et 50 impliquant des animaux domestiques.

Ces chiffres rappellent que le droit de posséder et d’utiliser une arme à feu ne dispense pas du strict respect des consignes de sécurité. La tendance générale reste à la baisse depuis une vingtaine d’années, mais chaque drame relance la polémique. Les promeneurs, randonneurs, joggeurs ou vététistes du dimanche se retrouvent parfois pris entre les coups de feu. Ces incidents suffisent à entretenir la méfiance et la défiance. Pour une majorité de citadins, la chasse ne représente plus qu’un terrain de jeu malsain, réservé à quelques-uns.

Les associations de défense des animaux, notamment la Fondation Brigitte Bardot, dénoncent la violence de certaines pratiques. Le débat ne porte plus seulement sur la chasse à courre ou les lâchers de gibier d’élevage, mais aussi sur ces animaux dits « sauvages » que l’on nourrit pour s’assurer qu’ils pullulent. Chaque année, près de 20 millions d’animaux sont ainsi relâchés en France, dont 14 millions de faisans et 5 millions de perdrix, souvent élevés dans des conditions déplorables : cages exiguës, mutilations pour éviter les combats, absence totale d’instincts sauvages. Faut-il encore tuer pour réguler ? Sans doute oui. Faut-il entretenir le gibier pour mieux le tirer ? Sans doute non.

Baguette Accident de Chasse

Ce que dit la législation

La législation encadre strictement la chasse en France. Pour obtenir un permis, une personne doit avoir au moins 16 ans, mais la formation commence dès 15 ans. L’examen inclut une partie théorique sur les règles et une pratique avec des armes. La formation assure que les chasseurs connaissent les bases de la sécurité. Le taux moyen de réussite à l’examen est d’environ 70 %.

Concernant les distances près des habitations, la loi interdit de tirer en direction des maisons ou des routes. Il n’existe pas de distance minimale fixe pour chasser, mais les préfets peuvent imposer des zones interdites jusqu’à 150 mètres autour des bâtiments pour des raisons de sécurité. Les chasseurs doivent éviter tout risque pour les riverains, et le non-respect de l’angle de 30° reste une cause majeure d’accidents (1/3 des cas).

L’encadrement inclut des saisons de chasse définies, qui varient par espèce et région. Par exemple, la chasse au sanglier ouvre souvent plus tôt. Les fédérations départementales supervisent les activités et imposent des quotas pour ne pas surchasser. Les armes se rangent sous clé hors saison, et les chasseurs portent des gilets fluo pour visibilité.

Enfin, des contrôles réguliers par les agents de l’Office français de la biodiversité veillent au respect des règles. En cas d’infraction, les amendes peuvent atteindre 1 500 € pour une contravention simple et jusqu’à 3 000 € en cas de récidive. Certaines fautes plus graves, comme la chasse sans permis, le tir en direction d’une habitation ou le non-respect des règles de sécurité, peuvent entraîner des peines plus lourdes allant jusqu’à 15 000 € d’amende et un an d’emprisonnement, voire le retrait définitif du permis de chasser.

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