La proportionnelle peut-elle tout changer ?

Illustration Assemblée Nationale Baguettes 16_9

En France, le débat sur le mode de scrutin proportionnel revient régulièrement, comme la marée. Promesse d’une démocratie plus juste pour les uns, risque d’instabilité pour les autres. Pourtant, peu de réformes aboutissent. Décryptage !

Une démocratie plus vivante

Aujourd’hui, un député français peut être élu avec seulement 15% des voix dans sa circonscription. La proportionnelle corrigerait cette anomalie en assurant que chaque voix compte réellement. Imaginez une photo de classe où seuls les grands seraient visibles. La proportionnelle, c’est l’objectif qui inclut tout le monde. Des études montrent qu’elle booste la participation, surtout chez les jeunes. Pourquoi ? Parce que voter pour un petit parti ne serait plus seulement faire de la figuration.

Un député du Cantal représente 63 000 habitants, contre 167 000 en Loire-Atlantique. La proportionnelle gomme ces hérésies héritées du découpage électoral. Cerise sur le gâteau : c’est le seul système permettant d’imposer efficacement la parité. Avec des listes alternées, fini les assemblées où les femmes font de la figuration. Certes, cela donne plus de pouvoir aux partis… mais des solutions existent, comme le vote préférentiel testé en Finlande.

Contrairement aux idées reçues, les pays à proportionnelle (Allemagne, Suisse) ne changent pas de gouvernement tous les mois ! Des coalitions négociées évitent les ruptures brutales. En France, avec le système actuel, une majorité absolue peut être obtenue avec moins de 20% des inscrits… ce qui génère hostilité et instabilité. La proportionnelle oblige à construire des compromis durables.

Baguettes Isoloir

L’art du compromis

Le grand argument des opposants ? « La proportionnelle empêcherait de gouverner ». Pourtant, l’Allemagne y parvient depuis 1949. La réussite réside dans les ajustements :

  • Un seuil minimal (5% en Allemagne) évite la dispersion extrême.
  • Des circonscriptions adaptées : trop petites, elles deviennent quasi-majoritaires. Trop grandes, elles coupent les élus de leurs territoires.
  • La prime majoritaire (comme dans les régions françaises) assure une majorité sans défigurer la représentation.

Les maires clament que les députés ne connaîtront plus la réalité du terrain. Une crainte légitime… mais surmontable. La solution ? Le fléchage comme en Suisse : des listes nationales déclinées en sections locales. Ainsi, chaque territoire garde son élu sans sacrifier la proportionnalité. Autre idée : le modèle allemand mixant députés locaux (élus majoritairement) et nationaux (proportionnelle). Le beurre et l’argent du beurre… ou presque.

Avec ses méthodes de répartition des sièges, la proportionnelle peut effrayer. Qui comprend le calcul des restes après quotient électoral ? Pourtant, les exemples européens prouvent que les électeurs s’y habituent. Et puis, le système français actuel avec ses 577 circonscriptions aux tailles inégales n’est-il pas aussi compliqué ?

Baguettes Politiques Compromis

Pourquoi ça bloque ?

Changer de mode de scrutin, c’est comme modifier les règles d’un jeu en pleine partie. Les partis traditionnels redoutent de perdre leurs bastions. Le bloc nationaliste craint de voir son vote dilué. Résultat ? Une réforme promise par Macron en 2017… toujours dans les limbes. La faute à une culture politique française hostile au changement.

Modifier le scrutin relève d’une simple loi ordinaire, mais les obstacles sont subtils :

  • La tradition veut qu’on ne change pas les règles moins d’un an avant une élection (mais ce n’est qu’une convention).
  • Supprimer les circonscriptions nécessiterait une loi organique… donc plus complexe à adopter qu’une loi ordinaire.
  • Le Conseil constitutionnel veille au maintien du pouvoir en place. Une proportionnelle trop déséquilibrée pourrait être rejetée.

Face aux résistances, des compromis boiteux émergent. Exemple : la dose de proportionnelle (10-15% de sièges). Problème ? Elle oblige à réduire le nombre de circonscriptions, les rendant gigantesques… et moins représentatives. Quant au modèle italien (prime majoritaire aux coalitions), il a produit… l’instabilité qu’il devait résoudre. Preuve que bricoler n’est pas réformer.

Jeu de société La Gamelle est Bonne

👉 Source : France Stratégie


Baguette Adolescente Rebelle

Publications similaires

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Le plus populaire
Le plus récent Le plus ancien
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires