Le parapluie de Cherbourg : cinéma et artisanat

En 1964, le film « Les Parapluies de Cherbourg » de Jacques Demy, avec Catherine Deneuve, a propulsé la ville de Cherbourg et ses parapluies sur le devant de la scène internationale. Mais saviez-vous que derrière la pellicule se cache une véritable tradition artisanale française ?
Histoire made in France
Le parapluie, cet accessoire que l’on dégaine à la moindre averse, a une histoire bien plus ancienne qu’on ne le pense. Originaire de la Chine ancienne, il a traversé les siècles et les continents pour devenir un incontournable de nos garde-robes. Mais c’est à Cherbourg, charmante ville portuaire de Normandie, que le parapluie a trouvé une place de choix dans le patrimoine français.
Au XVIIᵉ siècle, l’ombrelle était un accessoire réservé à la royauté en France. En 1660, le chancelier Pierre Séguier a osé se faire représenter par le peintre Charles Le Brun sur un cheval blanc, avec non pas une, mais deux ombrelles tenues par des serviteurs. Cette audace lui a valu des critiques pour avoir usurpé un privilège royal.

En 1986, inspiré par le succès du film de Jacques Demy, Jean-Pierre Yvon décide de créer « Le Véritable Cherbourg », une manufacture dédiée à la fabrication de parapluies haut de gamme. Son ambition ? Redonner ses lettres de noblesse à cet accessoire souvent relégué au second plan. Et le pari est réussi : les parapluies de Cherbourg sont aujourd’hui synonymes d’élégance et de robustesse.
Fabrication zéro faute, zéro défaut
Chaque pièce est assemblée à la main, nécessitant près de 37 étapes minutieuses. Du choix des matériaux à l’assemblage final, tout est pensé pour garantir une qualité irréprochable. Les toiles, disponibles dans une palette de couleurs variées, sont conçues pour résister aux intempéries les plus capricieuses. Les armatures, quant à elles, sont testées en soufflerie pour supporter des vents allant jusqu’à 155 km/h. De quoi affronter les tempêtes avec style !
Cette excellence artisanale a valu à la manufacture le label « Entreprise du Patrimoine Vivant », une distinction décernée par l’État français pour récompenser les savoir-faire d’exception. Une reconnaissance bien méritée pour cette entreprise qui perpétue la tradition tout en innovant constamment.

Mais l’innovation ne s’arrête pas là. La manufacture fabrique aussi le « ParaPactum », conçu pour assurer la sécurité des personnalités. Ce modèle pare-balles a déjà séduit des présidents et des célébrités (comptez tout de même entre 10 et 12 000 pour ce parapluie en kevlar).
Silence, moteur, ça tourne et action !
Mais revenons un instant au film qui a tout déclenché : « Les Parapluies de Cherbourg ». Entièrement chanté, il raconte l’histoire d’amour entre Geneviève, interprétée par une jeune Catherine Deneuve, et Guy, un mécanicien. Le film a remporté la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1964 et a propulsé Catherine Deneuve au rang de star internationale. Mais au-delà de son succès cinématographique, le film a eu un impact réel sur la ville et sa renommée. Désormais, dans l’inconscient, Cherbourg rime avec pluie et parapluie.

Grâce au film, le parapluie de Cherbourg est devenu un symbole de l’élégance française. Les touristes affluent pour visiter la manufacture ( 50 000 visiteurs en 2024 ) et repartir avec leur propre parapluie, véritable objet de chic à la française. Et la demande ne faiblit pas : chaque année, plus de 20 000 parapluies quittent l’atelier, dont 30% sont destinés à l’exportation. Le véritable parapluie de Cherbourg s’expatrie désormais jusqu’en Colombie.
