Le viaduc de Millau, le pont des records

Illustration Viaduc de Millau 16_9

Dans le sud de la France, un pont immense traverse la vallée du Tarn : c’est le viaduc de Millau. Véritable bijou d’ingénierie, il franchit la vallée avec insouciance. Conçu pour éviter les embouteillages estivaux, ce pont épouse à la perfection les paysages sauvages de l’Aveyron.

Le projet de construction

Tout commence dans les années 1980. L’autoroute A75, qui relie Clermont-Ferrand à Béziers, est presque terminée… sauf à Millau. Là, il faut quitter l’autoroute, traverser la ville et ses petites routes, puis remonter. Résultat : en été, des embouteillages interminables. Parfois, les vacanciers attendent plus de 5 heures au soleil. Il faut une solution.

La vallée du Tarn est certes magnifique, mais elle pose un vrai casse-tête aux ingénieurs. Elle est large de 2,5 kilomètres, profonde de 270 mètres, balayée par des vents forts et nichée entre deux grands plateaux : le Larzac et le Causse Rouge. Pas facile d’y faire passer une autoroute. Mais un pont géant pourrait tout changer.

Après de longues études, le projet se précise. Le but est de franchir la vallée sans défigurer le paysage. On lance un appel d’offres. C’est le projet de l’architecte britannique Norman Foster et de l’ingénieur français Michel Virlogeux qui remporte la mise. La construction revient à Eiffage, le géant du BTP. Tout est prêt pour un chantier unique.

Mais attention, le chemin n’est pas sans embûches. Il faut traverser une vallée, éviter les zones naturelles sensibles, respecter le vent, et surtout construire à 300 mètres du sol. La solution : un viaduc haubané, léger, capable de résister à des vents allant jusqu’à 200 km/h. Et surtout, il doit supporter chaque jour le passage de milliers de véhicules.

Élévation du viaduc de Millau
Élévation du viaduc de Millau

Un chantier hors norme

Le chantier commence en 2001. Et très vite, les ouvriers s’attaquent à un record : construire le plus haut pont du monde, en seulement 38 mois. La technique choisie est simple en apparence : fabriquer les morceaux du tablier au sol, puis les pousser petit à petit dans le vide, comme un mille-pattes géant.

Le tablier, c’est la partie sur laquelle circulent les véhicules. Ici, il est entièrement en acier, mesure près de 2 500 mètres de long, 32 mètres de large, et repose sur 7 piles géantes en béton. Il est suspendu par 154 haubans, ces câbles géants fixés à 7 pylônes d’acier de 87 mètres.

Pour limiter les risques, tout est pensé pour protéger les ouvriers. Les pièces sont assemblées sur des plateformes au sol, à seulement 5 mètres de hauteur. Ensuite, on utilise des appareils appelés « translateurs » qui déplacent le tablier sur des appuis provisoires. On pousse, on pousse, jusqu’à ce que le pont atteigne l’autre rive.

Les piles en béton, quant à elles, s’enfoncent jusqu’à 18 mètres dans le sol. La plus haute mesure 245 mètres, plus que la tour Montparnasse ! Chaque pile a deux fûts qui se rejoignent au sommet, pour plus de souplesse. Car entre la chaleur, le vent et les poids des véhicules, le pont doit pouvoir respirer sans se casser.

Le pont qui change tout

Le viaduc de Millau ne sert pas seulement à gagner du temps : il transforme toute une région. Avant son ouverture en décembre 2004, camions et vacanciers encombrent la ville de Millau. Depuis, la ville respire. Et surprise : les touristes continuent d’affluer, mais cette fois pour l’admirer. La métamorphose a bien eu lieu : le pont est devenu une attraction.

Il résiste au vent, aux séismes, à la chaleur comme au froid. Surveillé jour et nuit, il repose sur un réseau de capteurs, de caméras et sur une équipe dédiée. Même les écrans coupe-vent sont transparents, pour protéger sans masquer le paysage. C’est technique, élégant, bref : c’est français.

Aujourd’hui, cinq millions de véhicules l’empruntent chaque année. Les automobilistes gagnent jusqu’à 40 minutes en évitant Millau et ses bouchons. Le pont booste aussi le tourisme : plateformes panoramiques, parapente au-dessus du Tarn, et même une course à pied sur le tablier. Pensé pour traverser le temps, le viaduc de Millau veillera sur la vallée du Tarn pendant 120 ans.

Le viaduc de Millau vu depuis le Tarn

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