Les mystères de l’île de Mont Saint-Michel

On croit le connaître, mais le Mont Saint-Michel n’a pas livré tous ses secrets. Entre sables mouvants, moines et touristes, ce rocher normand cache bien d’autres mystères.
Le défi des bâtisseurs
Au VIIIe siècle, bâtir une abbaye sur un îlot rocheux battu par les vents relevait de la folie. La légende raconte que l’archange Michel apparut à l’évêque Aubert d’Avranches pour lui ordonner d’y construire un sanctuaire. L’évêque hésita, jusqu’à ce que l’archange lui brûle le crâne du bout de son doigt. Depuis, l’ordre divin est resté gravé, au sens propre.
Le granit provenait des environs, parfois de Chausey, et était tiré à la force des bœufs sur les bancs de sable à marée basse. Le bois des charpentes arrivait par bateau. Chaque pierre dépendait des marées, transformant chaque chantier en véritable course contre le temps.
Les secrets enfouis
Les murs du Mont ont tout vu : la foi, les batailles, la prison. Derrière les façades se cachent des couloirs étroits, des escaliers qui tournent à l’infini et quelques passages secrets. Pendant la guerre de Cent Ans, ils auraient servi à échapper à l’ennemi. Puis vint la Révolution, et le Mont devint prison. On l’appela « la Bastille des mers ». On y enferma religieux, opposants et criminels dans des cellules humides et sans lumière. La prison ferma en 1863.
Les marées et les miraculés
Autour du Mont, la mer avance à la vitesse d’un cheval au galop, disaient les anciens. Les marées peuvent atteindre quatorze mètres d’amplitude, transformant le site en île ou en presqu’île selon les heures. Certains pèlerins s’y sont aventurés au mauvais moment et ont failli y rester. D’autres ont échappé aux flots par miracle, convaincus d’avoir été protégés par l’archange.
La légende du dragon
Bien avant les moines, les habitants parlaient d’un dragon caché dans les eaux de la baie. L’archange Michel l’aurait vaincu avant d’imposer son sanctuaire. Le symbole est clair : la lumière triomphe des ténèbres. Mais quand le vent souffle dans les remparts et que la mer rugit, on se dit que le monstre n’a peut-être jamais vraiment disparu.
L’imprenable
Aucun envahisseur n’a réussi à prendre le Mont. Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais ont tout tenté sans succès. L’îlot, isolé par la mer, rendait toute attaque suicidaire. Beaucoup s’y sont embourbés avant d’être engloutis par la marée. Depuis, le Mont veille, immobile et indomptable, défiant le temps et les hommes.
Habitations traditionnelles, Mont Saint Michel
Porte du Roy, Mont Saint Michel

