L’esprit feria, entre arènes et bodegas

Dans le sud, l’été suit son propre rythme. Avec les premiers beaux jours, les villes s’habillent de rouge et de blanc, et les fanfares s’invitent dans les rues. C’est le temps des ferias : on y boit, on danse, et on célèbre les taureaux.

Un goût de taureau et de fiesta

Les ferias sont à l’origine des fêtes de village, souvent liées aux foires agricoles ou aux fêtes religieuses locales. On y célébrait la fin des moissons, les vendanges ou le saint patron de la ville. Le mot « feria » vient de l’espagnol et signifie simplement « foire ». Très vite, le taureau devient l’invité d’honneur de ces célébrations. C’est autour de lui que la fête se déroule, avec ses corridas.

Dans le Sud-Est, on pratique encore la corrida traditionnelle, surtout à Nîmes, Arles ou Béziers. Mais dans le Sud-Ouest ou en Camargue, on préfère les courses sans mise à mort. Les vachettes sont épargnées, et les écarteurs ou raseteurs montrent leur agilité en les défiant sans violence. Une autre forme de bravoure, profondément ancrée dans la culture locale.

Mais la feria ne se limite pas aux arènes. Elle déborde dans les rues, s’installe sur les places, les terrasses, jusque dans les parkings transformés en bodegas. On y chante, on danse, on se retrouve. Plus qu’une fête taurine, c’est un moment qu’on partage, tout simplement. Tout le monde devient festayre, en blanc et foulard rouge autour du cou, comme le veut la tradition.

Villes en fête et foules qui vibrent

Chaque été, les villes du Sud s’embrasent au rythme de leur feria. Nîmes en organise deux par an : celle de Pentecôte et celle des Vendanges. On y croise un million de personnes sur quelques jours, venues pour les corridas, les défilés costumés et les bodegas. Arles organise aussi ses ferias, notamment à Pâques et en septembre.

En août, Béziers attire autant de monde, mais dans une ambiance plus jeune et musicale. On vient y boire un verre en terrasse, lancer un Paquito au milieu de la rue ou simplement profiter de la chaleur collective.

Dans le Sud-Ouest, on ne parle pas toujours de « feria », mais l’esprit reste le même. À Bayonne, mi-juillet, les Fêtes durent cinq jours en rouge et blanc. Le Roi Léon reçoit les clés de la ville, le Vino Griego résonne dans les rues, et la foule suit le rythme.

Mont-de-Marsan fête la Madeleine en foulard bleu. À Dax, en août, les rues se remplissent de visiteurs venus pour les courses landaises et les fanfares. Mais aussi manèges pour les enfants et arènes pour les anciens.

En 2010, le Ministère de la Culture a inscrit les ferias à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel, reconnaissant leur valeur en tant que tradition vivante et partagée.