Petit budget, grande fidélité : l’Opinel

L’Opinel voit le jour en 1890, dans un atelier savoyard. Depuis, il est devenu un objet du quotidien, apprécié pour sa simplicité et son efficacité, et reconnu bien au-delà de la région qui l’a vu naître.
Un authentique Savoyard
À la fin du XIXᵉ siècle, Joseph Opinel conçoit un couteau pliant destiné aux habitants ruraux de Savoie, qui travaillent majoritairement en extérieur. Il imagine un outil de poche léger mais robuste, capable de tailler une branche, couper une ficelle ou éplucher un fruit. Le manche en bois local, simple et ergonomique, séduit par sa sobriété et sa facilité d’usinage. Rapidement, l’Opinel devient le compagnon indispensable des montagnards.
En 1909, la marque est déposée avec son emblème de la main couronnée. Le couteau gagne en notoriété sur les foires régionales : artisans, ouvriers et paysans apprécient son confort de prise, sa lame fiable et son prix accessible. À une époque où peu d’outils sont à la portée des bourses modestes, l’Opinel s’impose comme un choix pratique et durable.
Au début du XXᵉ siècle, grâce aux nouvelles routes, l’Opinel quitte les montagnes pour conquérir les villes. Les familles savoyardes, installées dans les centres urbains, en vantent la fiabilité. L’atelier familial se modernise : production en série, découpe mécanique des lames, tournage des manches, mais les étapes essentielles comme l’affûtage et l’assemblage restent manuelles. Ce savant mélange d’artisanat et d’industrie forge la réputation du couteau le plus populaire de France.


Un design simple
Le design de l’Opinel repose sur deux éléments essentiels : un manche en bois et une lame en acier, reliés par un pivot métallique. Le hêtre reste l’essence la plus utilisée, appréciée pour sa solidité, sa légèreté et sa facilité d’usinage. D’autres bois, comme l’olivier ou le noyer, sont employés pour les finitions plus élégantes. Les modèles sont numérotés de 2 à 13, une méthode simple indiquant la longueur de la lame en centimètres.
La lame adopte un profil légèrement relevé, avec une épaisseur comprise entre 1,5 et 2 mm, un compromis idéal entre souplesse et robustesse. L’acier carbone offre un tranchant facile à affûter mais sensible à la rouille, tandis que l’inox garantit une meilleure résistance à l’humidité. Leur dureté assure une bonne longévité tout en restant aisée à entretenir.
La sécurité repose sur la bague Virobloc, brevetée en 1955. Cette bague coulissante verrouille la lame en position ouverte ou fermée grâce à une simple rotation. Discrète et efficace, elle évite les fermetures accidentelles et fait de l’Opinel un outil sûr et pratique, adapté aussi bien aux randonnées qu’aux petits travaux du quotidien.


Ancrage culturel
Aujourd’hui encore, Opinel reste implantée en Savoie, près de Chambéry. La production combine automatisation et artisanat : découpe laser des lames, usinage des manches, puis assemblage et contrôle humain. Chaque couteau est inspecté avant mise en circulation afin de vérifier le tranchant, la solidité et la conformité du mécanisme.
Le système de numérotation perdure et simplifie le choix selon l’usage. Les modèles n°6 ou n°7 conviennent pour éplucher ou couper des fruits, tandis que les n°10 ou n°12, plus grands, s’adaptent mieux aux activités de plein air. Certaines variantes comportent des lames dentées ou des manches en polymère, conçus pour résister à l’humidité. La gamme s’étend aussi à la cuisine, avec des couteaux de chef et ustensiles fidèles à l’esprit Opinel : robustes, simples et abordables.
Au-delà de sa fonction, ce couteau est devenu une légende. Présent dans les récits de montagne, les musées de coutellerie et les expositions d’artisanat. Beaucoup conservent le même exemplaire toute leur vie, preuve de sa durabilité. Les collectionneurs s’échangent encore des modèles anciens ou en édition limitée.


