Trois monarques, trois bizarreries royales

Couronne sur la tête, mais pas toujours les pieds sur terre. Certains rois de France avaient des lubies qui feraient passer nos dirigeants pour des gens raisonnables. Voici trois monarques dont la folie a marqué l’Histoire.
Henri II, la passion qui tue

Henri II règne au milieu du XVIᵉ siècle. Il aime le sport, le défi et l’apparat. Les tournois de joutes sont pour lui une tradition qu’il prend très au sérieux. Il y participe lui-même, casque vissé sur la tête, lance en main, malgré les mises en garde de son entourage. Nostradamus, son astrologue, lui aurait prédit sa mort.
Le lyon ieune le vieux surmontera,
Nostradamus
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d’or les yeux luy creuera,
Deux classes une, puis mourir mort cruelle.
En juin 1559, à Paris, un tournoi est organisé pour célébrer la paix entre la France et l’Espagne. Henri y affronte son capitaine écossais, Gabriel de Montgomery. Au troisième assaut, la lance de Montgomery se brise et un éclat traverse la visière du roi. La blessure à l’œil est mortelle. Henri agonise dix jours avant de mourir, comme annoncé.
Louis XIV et la mise en scène

Avec Louis XIV, tout devient rituel. Le roi veut que chaque détail de son existence reflète l’ordre qu’il impose à son royaume. Son souci d’hygiène, rare pour l’époque, surprend. Il se lave fréquemment, fait changer son linge, exige que l’air de ses appartements soit renouvelé. Le corps du roi doit être aussi impeccable que son autorité.
Versailles traduit cette obsession. Le palais est un instrument politique autant qu’un décor. Tout y est pensé pour rappeler la hiérarchie et la grandeur du monarque. La journée du roi se déroule comme une pièce de théâtre : lever, audiences, repas, coucher. Le “Grand Coucher” est même une cérémonie à part entière. On y assiste en silence pendant que les valets aident le roi à se déshabiller et à se glisser dans son lit.
Louis XV et ses cerfs

Louis XV hérite du faste, mais pas du caractère de son arrière-grand-père. Moins autoritaire, plus réservé, il trouve dans la chasse une échappatoire. Chaque lever de soleil est prétexte à partir dans les forêts autour de Versailles, à cheval, entouré de quelques proches. Il aime la nature, le silence et surtout les cerfs.
Cette passion devient vite une habitude étrange. Le roi garde plusieurs animaux dans ses jardins, parfois même dans ses appartements. Il les observe, les nourrit, les fait soigner. Certains témoignages rapportent qu’il faisait servir de l’eau fraîche à ses bêtes dans des fontaines construites spécialement pour elles, et qu’il suivait leurs déplacements comme s’il s’agissait de membres de la cour.

